Burano est l'île dont on se souviendra le mieux parce qu'elle est un bouquet de fleurs éclatantes. Située près de Torcello, elle est d'une grande beauté tel un papillon multicolore aux reflets exaltants.
En effet, si les maisons de Burano sont à priori quelconques, telles des petites maisons de pêcheurs, elles disposent d'un atout attractif qui est le fait qu'elles sont peintes de toutes les couleurs. C'est même un véritable festival de couleurs qui vous saute aux yeux quand vous vous promenez dans ses petits endroits où l'on se perd facilement mais avec beaucoup de plaisir. Les maisons modestes sont gaîment colorées de bleu, vert, jaune, ocre-orangé ou safrané, et même rouge sang et rouge griotte.
Les couleurs des maisons ont évolué avec le temps et n'étaient certainement pas aussi éclatantes un ou deux siècles auparavant.
Tout d'abord le choix en coloris était plus restreint mais de plus à cette époque on utilisait des pigments d'origine minérale et non organique.
Les couleurs principales étaient alors l'ocre jaune et l'ocre rouge.
Par contre, à partir de 1870, est apparu le Bleu de Prusse sur les façades des maisons de Burano.
Les maisons sont généralement peintes de deux à trois couleurs très contrastées.
Aujourd'hui, avec les peintures et pigments modernes, on assiste à une débauche de coloris comprenant toute la gamme des bleus, des verts, des rouges, des mauves, etc.
Le miracle de Burano est là : même si parfois les couleurs utilisées sont osées, l'harmonie est conservée.
Tant les couleurs sont jeunes et gaies, on a l'impression de se promener dans un comte d'enfant.
Ajoutez à cette éruption de couleurs les reflets des façades dans les canaux de la ville et On obtient donc un paysage des plus originaux et charmant.
Il semble que rien d'important ne puisse se passer dans cet espace "de modèles réduits", de petites maisons, petits canaux et ponts minuscules. |
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On y vit dehors, sur le pas des portes, dans la couleur. Les lessives sont suivies d'étendage au travers des rues.
La tradition de peindre les maisons date du 7e siècle. Ainsi, les pêcheurs pouvaient apercevoir leur demeure, en rentrant de la pêche et mieux se diriger sur la lagune.
La légende dit ainsi que les femmes de Burano peignaient leurs maisons de couleurs vives de façon à ce que leurs maris, lorsqu'ils étaient en mer, puissent reconnaître leur île de loin.
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En effet, comme les autres îles de la lagune, Burano est vouée à la pêche. |
L'endroit est très animé, avec ses petits cafés où se retrouvent les pêcheurs.
Les touristes investissent la petite ville gaiement, avec des exclamations étonnées. Il faut attendre le soir pour retrouver le calme.
Vivre dehors devant sa porte signifiait, pour la plupart des femmes de l'île : faire de la dentelle. Elles alignaient leurs points rapidement de leurs doigts agiles sous le regard des passants étrangers admiratifs.
Cet enlacement savant du fil fut connu à Venise depuis le 16e siècle, sous l'impulsion de l'épouse du Doge, la Dogaressa Duodo.
Les dentelles à l'aiguille au point de Venise ont été rapidement considérées comme les plus belles du monde.
Elles passèrent en France sous le nom de "dentelle d'Alençon".
Colbert, ministre de Louis XIV avait fait venir des dentellières de Burano à Alençon pour assurer en France une production de cet art délicat.
Leurs dessins raffinés ravissaient les cours princières et royales.
Louis XIV s'en était épris et en portait sur ses cols. Ses portraits en font foi.
Ce très ancien métier fut cependant oublié, du fait notamment de la concurrence française et ne reprit vie qu'au 19e siècle.
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On prétend qu'il fallut trouver une dentellière très âgée qui sut se souvenir du fameux point à l'aiguille (punto in aria). |
Les vraies dentelles sont à des prix très élevés. Un vrai luxe. Celles qui sont maintenant vendues au mètre sont fabriquées à la machine et sont d'un coût modique. Il s'agit d'une institution organisée et une source de profit pour Venise. C'est sans doute la raison pour laquelle Burano ne s'est jamais dépeuplée, contrairement aux autres îles de la lagune.
Une école de dentellières créée en 1872 et qui dispense maintenant des cours, accueille les touristes et assure quelques ventes. Elle protège le savoir-faire du 16e siècle. Elle se trouve dans l'ancien Palais du Podestat, sur la Piazza Baldassare Galuppi (seul compositeur né dans l'île).
Se trouve également dans ce palais le Musée de la Dentelle (Museo del Merletto) où l'on peut prendre connaissance des difficultés techniques que recèle cet art, comme le "point triple" qui donne l'illusion du tulle et le "maillage" (reticello).
On y admire les plus belles pièces anciennes.Des dizaines de milliers de réalisations originales y sont exposées.
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